Suite au travail de Oz Rittner qui a remarquablement précisé en 2017 les conditions d’observation du prionien
Anthracocentrus arabicus (Thomson, 1877) en Israël dans sa publication dans la revue : Israel Journal of Entomology, Vol. 47, pp. 97–101 (14 September 2017),
J'apporte à votre information que cette espèce a été trouvée en nombre dans les contreforts du Massif de l'Aïr au Nord du Niger près de la frontière avec l'Algérie et j’ai pu à la faveur de 2 séjours professionnels totalisant 9 ans dans la région d'Arlit, observer régulièrement cet impressionnant et spectaculaire prionien.
Préalablement et à la faveur de recherches dans les publications relatives à
Anthracocentrus arabicus au Niger, je n'avais pu trouver que les informations suivantes:
1/Quentin et Villiers dans leur contribution aux Coléoptères Cerambycidae du Niger (IFAN, T41, N°3, 1980) ne signalaient pas le taxon.
2/Villiers dans sa contribution à l'étude de l'Aïr (Mission Chopard et Villiers, IFAN, 1951) ne mentionnait pas non plus l'espèce. Il y est par contre mentionné
Tithoes confinis Castelnau des Monts Baguezans (env. Agadez), espèce que je n'ai pas observé personnellement dans cette localité pourtant souvent parcourue.
3/ enfin Villiers dans sa faune des Cerambycidae de l'Afrique du Nord (1946), signalait plusieurs stations au sud d'In Guezzam en Algérie (voir le scan de la publication ci-dessous).
Au Niger, les imagos sortent fin juin ou au début du mois de juillet juste au moment de la très courte saison des pluies. Les larves vivent dans les gros acacias que l'on trouve le long des cory bordant le massif de l'AÏr. Ce prionien y était bien commun et on pouvait le localiser facilement la nuit avec une lampe torche lorsqu'il se déplaçait bruyamment sur les gros troncs et aussi lors des combats féroces entre mâles.
Son cycle larvaire de 3 ans dans cette région désertique, a pu être vérifié après ponte d'une femelle dans un gros morceau de tronc d'acacia ramené dans le jardin de ma villa à Arlit et enfoui dans le sable.
Il a été trouvé la première fois en 1977 lors d'une sortie dans l’Aïr dans les environs de Iferouane Ces exemplaires conservés ont été échangés plus tard avec plusieurs collègues contre des Cétoines.
Je l'ai observé de nouveau lors d'un deuxième séjour de 1994 à 1999 après des recherches plus ciblées, et avais ramené en France en 1999 une quarantaine d'exemplaires, tous cédés lors d'une bourse à Juvisy /Orge.
Plusieurs stations de capture se trouvaient sur la bordure ouest du Massif de l'AÏr, dans des vieux acacias (Acacia radiana, Acacia scorpioides) qui poussaient dans les Cory (nom local correspondants à des oueds temporaires). D’autres lieux d’observation se situaient dans la plaine du Talak en bordure ouest de l'Aïr, sur des gros acacias près du Puits de Gougaram et du puits d'Awel-awel au Sud-est d'Arlit (50km) pour les exemplaires de 1997, et aux environs d'Iferouâne à l'intérieur de l'Aïr pour les exemplaires de 1977. Il y avait aussi dans cette dernière station de nombreux Macrotoma palmata, dans un biotope de vieux acacias (Acacia sp.). A. arabicus semble du reste être en concurrence ici avec le Macrotoma palmata que l'on trouve à la même période et dans les mêmes biotopes sub désertiques.
Par ailleurs, je n'ai vu
Cantharocnemis spondyloides qu'une seule fois dans l'Aïr (à Tim Toulous) : 1mâle en septembre 1996 dans la journée sur des Acacias. A propos de cette espèce je me souviens aussi qu’elle était abondante en Mauritanie (Tijirite) en septembre 1977 où elle était attirée au crépuscule par des éclairages d’un site minier.
Un cliché d'un des spécimens observé (cliché de Poirier-Ducrocq)