Quand les abeilles solitaires sortent-elles de leur habitation?

Bonjour, et merci pour ce forum, qui a l'air très intéressant et complet.

L'année dernière, j'ai installé deux hôtels à insectes, dont un dédié spécifiquement aux abeilles solitaires.  Tout de suite, j'ai pu observer des abeilles solitaires maçonnes (des osmies je crois) qui sont venues coloniser les segments de bambous pour y pondre et refermer la "porte" avec de l'argile.  Il y en avait une petite trentaine d'occupées à la fin avril.  Encouragé par ce succès, j'ai ajouté un nouveau nichoir à abeilles cette année, et il y a déjà près de 80 "chambres" occupées.

Tout cela me parait parfait.  Toutefois, j'ai un très gros doute sur le succès à long terme de l'expérience de l'année passée.  J'ai en effet constaté dès l'été que la plupart des cloisons en argile avait déjà été ouvertes.  Peut-être ais-je tort, mais je m'attendais à ce que les abeilles passent l'hiver dans leurs abris, et ne sortent que vers de début mars.  J'ai donc peur qu'elles aient été victimes de prédateurs.  Malheureusement, je n'ai pas pu trouver sur internet le moment de l'année ou les osmies adultes sont censées sortir de leur abris.  D'où mes questions.

Quand les osmies sortent-elles de leurs abris ?  Et est-il vrai qu'il peut y avoir plusieurs "fournées" par an ?

Si il n'est pas normal que les cloisons aient été ouvertes plus tôt, que puis-je faire pour les protéger des prédateurs ?  J'ai lu quelque part qu'on peut les mettre à l'abri à l'intérieur, dans le garage par exemple.  Est-ce vrai ?  Et dans ce cas, quand faut-il les sortir pour ne pas qu'elles s'envolent à l'intérieur ?

Quels sont les prédateurs des oeufs ou du pollen des abeilles solitaires?  Peut-on les reconnaître facilement, et tenter de les éliminer?

Merci d'avance pour toute réponse qui pourra m'aider à gérer efficacement ma colonie d'osmies!

Bonjour et bienvenue sur le forum

Pas très compétent pour ce qui est des nichoirs, mais j'aurais tendance à dire, qu'en fonction de l'espèce les abeilles sauvages n'émergent pas à la même époque. Certaines osmies (rufa et cornuta par exemple) sont essentiellement printanières, mais ça ne doit pas être le cas de toutes. Il est même possible que certaines espèces produisent plusieurs générations par an.

Pour les phénologies, il y a par exemple pour un certain nombre d'espèce la période de vol ici : http://www.wildbienen.de/wba-kale.htm
Ce site donne aussi des périodes de vol : http://www.bwars.com/species_list?title=Osmia

Après, la prédation peut sans doute exister aussi. Difficile à dire.
Comme prédateurs, il doit y avoir certains diptères (Bombyliidae, peut-être Conopidae...), d'autres hyménoptères (abeilles coucou du genre Nomada par exemple).

Un tout grand merci pour la réponse rapide.

Je constate que c'est plus compliqué que ce que je pensais. Je savais qu'il y a des quantités d'abeilles solitaires, mais je pensais que les abeilles maçonnes (qui ferment les niches avec de l'argile) appartenaient toutes à la même espèce. Cela dit, j'ai vu des abeilles de tailles très différentes, donc je commençais à avoir des doutes. Mais comme de toutes façons, je ne sais pas à quelles espèces elles appartiennent, je ne peux pas vraiment utiliser les tableaux publiés sur les sites. Merci quand même pour les liens. Ils me seront probablement utiles quand je m'y connaitrai un peu mieux.

Je viens de constater que déjà au moins 3 des niches ont été ouvertes. Comme elles ont été scellées il y a à peine quelques jours (ou quelques semaines au max), je suppose qu'il ne peut s'agir que de prédateurs. Je vais donc tenter de mettre au moins un nichoir à l'abri à l'intérieur, et j'essayerai de le sortir à temps. Si quelqu'un pense que c'est une mauvaise idée, merci de me le faire savoir...

Salut rol.

Plus les trous sont de tailles diverses plus il y a d'espèces possibles. Il faut pas hésiter à faire des trous avec différents forets.

Merci. C' est ce que je constate. 3 de mes nichoirs sont faits de segments de bambou de tailles différentes. Seuls les très grands et les très petits restent inoccupés. Ceux d'un diamètre entre 6 et 12 mm sont les plus demandés, par des abeilles de tailles correspondantes.

Mais cela ne répond pas à mes inquiétudes au sujet des prédateurs. Dois-je protéger mes nichoirs en les rentrant à l'intérieur pendent quelques temps ?

Nous sommes en 2019 et je viens de commencer avec mes petits enfants. J'avais plus de 100 trous forés dans des mini-buches de différents bois, tous occupés à la fin du printemps. MAintenant en Septembre seulement 10% sont encore scellés. Avez vous maintenant plus d'expérience de ce que vous avez décrit? Bien à vous

Oui, j'ai un petit peu plus d'expérience maintenant, et 8 hôtels bien remplis !  Les abeilles solitaires qui sont les plus nombreuses dans mes nichoirs sont les osmies rousses (qui ressemblent fort aux abeilles à miel) et les heriades truncorum (beaucoup plus petites, noires, peu velues, et ressemblant un peu à des grosses fourmis).

Les osmies rousses sont actives très tôt, dès fin février.  L'activité est à son comble en mars et avril.  Les hériades sont beaucoup plus tardives, et leur activité dure de juin à août.  D'autres espèces, que je n'ai pas pu identifier, sont actives à d'autres moments.

Parmi les prédateurs principaux, il y a les guêpes coucou, magnifiques petits insectes aux couleurs bleu vert et rouge métallisé, chatoyantes et changeantes en fonction de la lumière, qui profitent des allers-retours des heriades pour pondre leurs œufs dans les cellules qu'elles volent sans états d'âme, d'où leur nom de coucou.  Il n'y a pas grand chose à faire pour les éviter, car elles sont présentes pendant la période de construction des cellules, mais je pense que les dégâts qu'elles causent sont limités.  Et elles sont assez étonnantes à observer.

Les prédateurs les plus gênants sont les pics (chez moi surtout le pic épeiche), car quand ils découvrent la manne que constitue pour eux un hôtel à insecte, ils ne se gênent pas pour tout saccager.  Ils viennent souvent tôt le matin, et font beaucoup de bruit en tapant avec leur bec dans les portes en terre des niches des osmies.  Ils laissent ensuite des trous béants, où d'autres prédateurs peuvent venir terminer le travail.  Il est assez facile de s'assurer que ce sont eux qui sont responsables, car on retrouve sur le sol, en dessous des hôtels, quantité de bouchons en terre qu'ils ont réussi à arracher, et qui restent à peu près intacts.  Un pic vient de repérer mes hôtels, et a commencé le carnage il y a quelques jours.  L'année dernière, il a fait tellement beau que la quasi totalité des niches était occupée, mais les pics en ont détruit 80% avant que j'ai pu réagir.  J'ai d'abord tenté de protéger les hôtels en mettant un grillage devant, mais si les mailles sont trop petites les abeilles n'arrivent plus à les traverser ou en ont peur, et si elles sont trop grandes, elles constituent un excellent perchoir pour le pic!  J'ai donc abandonné cette méthode.  C'est une amie qui m'a donné le truc le plus efficace: simplement retourner les hôtels, face vers le mur.  (J'ai du forer des petits trous dans la toiture ou ajouter des attaches pour qu'ils tiennent correctement à l'envers, mais c'est assez facile à réaliser par un bricoleur.)  J'ai eu la chance que les pics n'ont découvert mes hôtels que quand il n'y avait plus aucune activité, et donc il suffit de les laisser à l'envers pendant l'automne et l'hiver, et de penser à les remettre à l'endroit vers la fin février, quand les pics auront oublié leur existence.

Une autre manière de protéger vos abeilles est de multiplier les petits hôtels, éloignés l'un de l'autre.  Il y aura plus de chances que les oiseaux ne découvrent pas tout en même temps.

Bonne chance !

Oublié de dire qu'on m'a déconseillé de rentrer les hôtels à l'intérieur en hiver, car il y fait trop chaud, et les abeilles sortent trop tôt, ou n'ont pas eu assez froid pour comprendre que l'hiver est passé et sortent trop tard. Pourtant, le seul hôtel que j'ai rentré il y a 2 ans m'a paru fonctionner parfaitement. Si vous avez une cabane de jardin ou un espace clos et non chauffé, il peut valoir le coup d'essayer de les rentrer. N'oubliez pas de les sortir à temps !

Un grand merci pour votre réponse rol. J'ai regardé à nouveau mon hotel. Seuls les plus petits trous 3 à 5 mm sont , pour certains encore bouchés. Tous les plus grands, de 6 à 10/12 mm étaient remplis et le bouchon est parti. Avez vous un début d'explication? FAut il nettoyer les trous qui ont été vidés? Bien à vous.

Il est probable que vos osmies ont été cannibalisées par un ou des pics. Mais même sans la "porte principale", il reste probablement des larves intactes, surtout des femelles, les plus intéressantes. Protégez-les, et elles sortiront au printemps, puis suivez mon conseil de retourner les hôtels dès que vous constatez des attaques. Les petits trous sont en effet moins attaqués par les pics, et contiennent probablement des heriades.

Non, en principe, il ne faut jamais nettoyer, sauf en cas de problème sanitaire patent (tiques ou moisissures), car si vous nettoyez, vous détruisez aussi les larves restantes. (Certains sites web expliquent des méthodes qui permettent de retirer les larves pour nettoyer, puis de les remettre en place, mais pour ma part, je pense qu'il vaut mieux laisser faire la nature.)

J'ai également installé une maison abeille pour loger les abeilles solitaires et il n y a pas beaucoup d'insecte dedans.

Cependant j'ai constaté que certains petits trous qui étaient bouchés ont été ouverts (de l'intérieur ou extérieur ?). En tout cas pour loger les abeilles isolées je trouve cela intéressant d'installer une petite ruche pour abeille dans son jardin !

Je suis venue dans les Alpes de Haute Provence  pour passer l'été.
Mes tubes ont bien résisté et en ce moment ce sont les abeilles charpentières qui y travaillent car il y a des tubes d'un diamètre trop important pous les osmies. Mais ces grosses bêtes noires ne sont pas logiques  ou ce sont les larves qui sortent d'elles-mêmes. J'en ai trouvé deux  sur la sciure éjectée, mortes bien sûr car tuées par le soleil. voici la plus fraîche


C'est aussi la saison de faire les foins pour les Isodontia mexicana mais le mistral défait un peu leur travail final. C'est magnifique de les voir apporter des sauterelles vertes et des herbes sèches qu'elles travaillent à l'intérieur des tubes ou qui fermment le tube.

Les  parasites sont variés et j'en ai déjà attrapé quelques-uns divers.

C'est peut-être une larve de Xylocopa en effet, d'autant qu'elle n'a pas l'air si petite que ça, mais c'est quand même difficile à dire à ce stade.