Pas évident, manifestement, plusieurs espèces proches existent...
Quelques éléments supplémentaires, donnés par Etienne, d'Insecte.org:
La faculté qu'ont les pseudoscorpions d'émettre de la soie par leurs chélicères, et plus précisément à l'aide de la "galéa", une excroissance située sur le doigt mobile des chélicères, leur permet effectivement de se confectionner des "loges", toujours temporaires, et plus précisément pour la mue, la ponte...
Comme l'ont déjà cité certains, la fonction venimeuse est dans les pinces, mais cependant les espèces de la famille Chthoniidae en sont dépourvues ; la forte taille des chélicères, et la puissance mécanique qui résulte de cette particularité, semble avoir remplacé avantageusement la fonction venimeuse chez ceux-ci. Les Neobisiidae ont d'ailleurs aussi d'assez fortes chélicères.
Il y a quelques années, j'avais élevé, à l'aide d'une binoculaire et de beaucoup de patience ( !) Chthonius ischnocheles (Chthoniidae) et aussi Chelifer cancroïdes (Cheliferidae), deux espèces communes en France, la première se trouvant facilement dans les milieux calcaires, sous les pierres. J'avais réussi à les nourrir avec des acariens nécrophages microscopiques que j'avais préalablement fait un peu proliféré dans un autre micro-bac de stabulation ; ces pseudoscorpions acceptaient également des collemboles (les pseudoscorpions sont aussi fréquemment cannibales !).
Ils avaient vécus ainsi deux à trois mois, et j'ai pu assister à la confection des fameuses loges lors des mues. Je n'avais malheureusement pas pu tenter l'expérience de la reproduction par manque de temps.
(Reste du fil ici: http://www.insecte.org/forum/pseudoscopion-8-pattes-et-des-pinces-photo-vt961.html?highlight=pseudoscorpion)
Toujours des informations d'Etienne:
Voici quelques éléments très généraux sur les pseudoscorpions :
3235 espèces dans le monde d'après ADIS (2002) [HARVEY (1990) citait 3064 espèces], un peu plus de 120 en France selon DELFOSSE (2004); on trouve des représentants de cet ordre dans toutes les régions tempérées, sub-tropicales et tropicales. Comme pour les autres arthropodes, c'est dans ces dernières que la diversité spécifique est la plus importante.
La biologie des pseudoscorpions n'est pas encore parfaitement connue car elle reste assez difficile à observer en raison de la petite taille des espèces (2 à 4 mm en moyenne). A noter que la plus grande espèce connue atteint tout de même 12 mm [le bien nommé Garypus titanius (Garypidae)]. En France, la plus grande espèce est méditarranéenne et appartient d'ailleurs aussi au genre Garypus (le nom précis de l'espèce m'échappe) ; elle atteint 6-7 mm de long.
En dehors de leur petite taille, les pseudoscorpions se distinguent aisément des scorpions par l'absence de métasoma (nommé aussi telson ou communément "queue") ; la fonction venimeuse des premiers est située dans le doigt mobile des pédipalpes ("pinces") tandis que comme chacun le sait, les seconds immobilisent leur proies à l'aide de leur vésicule à venin acuminée, située à l'apex du telson. D'autres différences moins perceptibles existent, par exemple au niveau de la métamérisation.
Les pseudoscorpions ont également une faculté inexistante chez les scorpions : ils peuvent émettre de la soie par l'intermédiaire de leurs chélicères, et plus précisément grâce au doigt mobile de chaque chélicère (les doigts mobiles sont pourvus d'une excroissance nommée "galéa" où débouche une glande séricigène). Grâce à cette capacité d'émission de soie (beaucoup plus rudimentaire que celle existante chez les araignées, évidemment), ils se confectionnent des "loges", toujours temporaires, pour la mue, la ponte...
La reproduction est indirecte et elle est relativement similaire à celle des scorpions (indirecte : réalisée par l'intermédiaire d'un spermatophore préalablement déposé par le mâle). Il se produit également une sorte de "parade nuptiale" au cours de laquelle le mâle attire la femelle vers le spermatophore.
Selon GABUTT il pourrait y avoir deux générations par an au sud de certaines régions tempérées pour certaines espèces, tandis qu'il n'y en aurait qu'une seule au nord de la répartition de ces mêmes espèces.
Il existe 6 stades post-embryonnaires ; les deux premiers ne sont pas libres (nourris et transportés par la femelle), tandis que les 4 suivants sont autonomes et aptes à se suffire à eux-mêmes. Ces quatre derniers sont nommés protonymphe, deutonymphe, tritonymphe, puis l'adulte maturus . Les pseudoscorpions ne muent pas au stade adulte ; ils vivent quelques mois, se reproduisent, puis meurent. Les espèces septentrionales étudiées par Gabutt passaient l'hiver en diapause, dans des nids d'hibernation (ce qui induit qu'elles pouvaient survivre un peu plus longtemps et donner naissance à leur progéniture au début de l'année suivante, au retour des beaux jours).
Chez ces arachnides la fonction venimeuse est située dans les pinces comme cité plus haut. A noter que la famille Chthoniidae est dépourvue de cette fonction : la forte taille des chélicères, et la puissance mécanique qui résulte de cette particularité, semble l'avoir remplacée. Les Neobisiidae sont aussi reconnaissables à leurs assez fortes chélicères (toutefois plus grêles que celles des Chthoniidae).
Comme je l'ai relaté dans un ancien post, j'ai pu élever, il y a longtemps (à l'aide d'une binoculaire), Chthonius ischnocheles (Chthoniidae) et aussi Chelifer cancroïdes (Cheliferidae), deux espèces européennes communes en France, la première se trouvant facilement dans les milieux calcaires, sous les pierres. J'avais réussi à les nourrir avec des acariens nécrophages microscopiques que j'avais préalablement fait un peu proliféré dans un autre "micro-bac" de stabulation ; ces pseudoscorpions acceptaient également des collemboles (les pseudoscorpions sont aussi fréquemment cannibales !). Ils avaient vécus ainsi deux à trois mois, et j'ai pu assister à la confection des fameuses loges lors des mues. Je n'avais malheureusement pas pu tenter l'expérience de la reproduction par manque de temps. Ces expériences nécessitaient beaucoup de temps et de patience : il était nécessaire de maintenir chaque individu séparément (cannibalisme oblige) dans un "micro-bac" de 2 cm de long sur moins d'un de large et d'environ 1,5 cm de profondeur ; chaque micro-bac était garni d'une fine couche de substrat légèrement humidifiée à la seringue (les pseudoscorpions sont hygrophiles et ne supportaient une totale dessication qu'assez peu de temps, au plus quelques jours ; ce paramètre varie très probablement en fonction de l'espèce étudiée). Il était absolument nécessaire d'avoir de très petites surfaces de stabulations pour l'étape suivante : le nourrissage (et aussi une observation plus aisée de chaque spécimen). Celui-ci était effectué sous binoculaire en prélevant un ou deux acariens provenant de la prolifération provoquée au préalable dans "l'élevage" de ceux-ci, puis en les disposant chez chaque pseudoscorpion. On pouvait alors observer la prédation de ces derniers. La détection des proies et mécano-réceptive, à l'aide des trichobothries présentes sur les pédipalpes. La proie est repérée lorsqu'elle se trouve à quelques mm seulement du pseudoscorpion, puis est saisie avec les pinces. Chelifer la paralyse à l'aide de son venin puis la dévore, tandis que Chthonius la dévore dès qu'elle est saisie. Ceci dit, la mort survient plus ou moins rapidement par l'action mécanique des chélicères (si ce n'est déjà opéré par celle des pinces).
Les pseudoscorpions grimpent très bien aux surfaces lisses car pourvus de sortes de ventouses à l'extrémité des tarses des pattes ambulatoires (ventouses nommées "arolium"), les micro-bacs se devaient donc d'être hermétiquement fermés.
Voilà déjà quelques éléments sur cet ordre d'arachnides, il y aurait sûrement encore beaucoup à dire mais il se fait tard, et de plus, je ne suis pas spécialiste de ceux-ci ! Les spécialistes de ce groupe sont d'ailleurs fort rares, et il faut remonter jusqu'au niveau européen pour parvenir à en trouver... en France, ils sont quasi-inexistants (2 à ma connaissance !). C'est dommage car ces animaux sont fascinants en bien des domaines et il y a encore beaucoup à découvrir sur eux, que ce soit sur le plan biogéographique, systématique, comme biologique. Mais il est vrai que leur étude est difficile d'accès, et qu'elle nécessite une bonne binoculaire voire moult préparations microscopiques...
(Reste du fil ici: http://www.insecte.org/forum/1-vt6026.html?postdays=0&postorder=asc&start=0)
J'espère qu'Etienne ne m'en voudra pas de copier/coller ses textes comme cela!
Stéphane