[Tutoriel] Conserver et préparer les Coléoptères

Bonjour,

Presque tout dans ce sujet a déjà été dit sur le forum, mais je me suis dit que c’était une bonne idée de regrouper ces informations dans un même sujet, pour aider les débutants. J'ai essayer de faire synthétique, et certaines parties sont un peu courtes, n'ayant pas encore tout expérimenté.


I) La conservation

Pour tuer les insectes plutôt grands, j'utilise le congélo. Pour les petits, je les place dans un flacon contenant des feuilles de Laurier cerises coupées très fines (elles contiennent du cyanure).
Sinon on peut utiliser comme beaucoup de l'éther acétique.


Pour conserver vos coléoptères, mettez les dans une boite étanche juste après la capture et zou, au congélo (en étalant rapidement les pattes, antennes…). Ainsi, quelques mois après il sera possible de les étaler comme s’il venait d’être capturer. Le congélateur protège des insectes nocifs comme les anthrènes, ou alors des moisissures.
Les insectes peuvent être conservés plusieurs années, à condition de ne pas décongeler son congélo entre temps. Bien sur les boites mises aux congélos doivent porter toutes les infos nécessaires, relatives aux coléos à l’intérieur.

Bon, je crois que c’est à peu près tout sur la conservation .

II) La préparation

1)Le ramolissement

Comme dit plus haut, si vos insectes ont été mis au congélo peu après leur capture (encore souple donc), il est possible de les étaler quelques minutes après leur sortie (pas tout de suite, sinon ça casse ). Mais comme le souligne LEDOC62 plus bas mieux vaut attendre le lendemain que la rigidité cadavérique disparaisse, l'étalage sera bien plus facile.

Si saucisson sec ( ), voici quelques méthodes pour les rendre souples:

La première méthode consiste à placer vos insectes secs sur une couche de coton hydrophile ou de sopalin légérement humide, le tout dans une boite étanche. Une ou deux journées suffisent pour rendre vos petits coléos étalables. Pour les gros spécimens, une semaine est parfois nécessaire. L’inconvénient de cette méthode, c’est que si l’on oublie la boite, des moisissures peuvent se développer et endommager considérablement vos insectes.

Une méthode similaire, qui évite ce genre de désagrément, et aussi très efficace, consiste à placer des feuille de Laurier cerise coupée en lanière fine et disposée au fond d’un bocal bien étanche. Les insectes seront placés sur une feuille de sopalin au dessus des lanières de laurier. Le ramollissement est plus rapide si le blocal est placé dans un endroit chaud (effet « hammam » ). Il arrive qu’avec cette méthode certains insectes graissent.

Pour ramollir rapidement vos coléoptères voici une autre méthode bien efficace (je ne l’ai jamais testée ) : Il suffit de plonger les insectes dans de l’eau chaude et de les y laisser quelques minutes.
On peut aussi les mettre dans de l’eau tiède, avec quelques gouttes de produit vaisselle pour le dégraissage, mais le ramollissement est un peu plus long.

Il y aussi la méthode « Morpion », que je me permets de citer :

Morpion a écrit:

J'ai testé une méthode plus technologique et encore plus rapide ^^

Un Tupperware spécial micro-onde, un fond d'eau (1-2 cm), un colé et 45s au micro-onde.

C'est prêt! ( à étaler ^^)

Quelques petites nuances quand même :

- j'ai parfois un dépôt blanchâtre (des graisses?) sous le corps mais ça s'enlève facilement avec un pinceau trempé dans de l'eau chaude savonnée.
- si les élytres sont duveteuses (c'est le cas des Goliaths) il y a un risque que la graisse fasse changer les couleur, mais c'est fort variable...
- a éviter absolument pour tout ce qui n'est pas coléo... j'ai déjà fait passer des sauterelles d'un beau vert/rose à un orange crevette intégral


Au plus c'est costaud et carapaçonné (genre les Pachryncchus, les Chalcosoma, etc...) au mieux ça marche.

Super pratique quand on a oublié de mettre des insectes dans l'humidificateur.

Pour les petits coléos, on peut aussi utiliser une seringue, remplie à moitié d’eau avec un peu de liquide vaisselle (jamais testée non plus). Une fois les insectes mis dedans, il suffit de « pomper » une dizaine de fois (pas pousser le piston à fond ).

2) Le dégraissage :

Certains insectes graissent facilement, les couleurs peuvent être altérées (par ex.le blanc des Goliathus). Un petit bain dans l’acétone est une bonne solution. On peut aussi utiliser de l’eau écarlate, ou alors disposer les coléos sur le dos sur du sopalin ou du coton imbibé d’eau et de liquide vaisselle (par ex. paic citron).

3) L’étalage :

Voilà, vos insectes sont prêt à être étaler.
Pour cela il vous faut des épingles de couture, des épingles entomologique, une plaque de polystirène, et si possible des brucelles qui peuvent s'avérer utiles pour étirer des appendices récalcitrants.



Pour commencer, placer le coléoptère sur le ventre, les pattes sommairement étalées, et piquez- le avec une épingle entomologique adaptée à la taille de l'insecte. La norme chez les coléos est de les piquer dans le tiers supérieurs de l'élytre droit.




Ensuite, piquez quelques aiguilles de couture le long de l'insectes pour éviter qu'il ne bouge par la suite.




En vous aidant de la brussel et des aiguilles, bloquez les pattes dans la position désirée.



Puis faites pareil symétriquemnt de l'autre coté :



Ensuite il faut attendre quelques jours que l'insecte soit sec pour retirer les épingles.

Au début on a un peu de mal, mais c'est en faisant qu'on apprend et on se fait vite la main . Il vaut mieux s'entrainer d'abord sur des gros (lucanes...) et laisser de côté les bêtes plus délicates en attendant .
Il n'y a pas de normes pour l'étalage, c'est à chacun de voir ce qui lui plait le plus. En sachant qu'un étalage plutôt ramassé réduira grandement les risques de casses lors de manipulations .
Pour les longicornes les antennes sont disposées le long du corps.
Les tout petits coléos ne doivent pas être piqués mais collés sur des paillettes, avec de la colle qui s'enlève à l'eau ou du vernis à ongle. Pour l'étalage c'est une autre histoire .
Il ne reste plus qu'à placer vos coléos dans la boite, avec une étiquette indiquant le nom latin de l'insecte, le nom du descripteur et de celui qui l'a capturé, le lieu et la date de capture, et si possible l'altitude et le moyen de capture, ou tout autres infos que vous jugerez utiles .


Voilà, je pense avoir fait le tour, si vous avez des remarques, critiques, dites le moi et j'édite .

Olivier

Ton tutoriel est bien fait et aide bien pour les débutants je pense. Il serait peut-être judicieux de proposer à Alex dans son communiqué de le mettre sur la page d'accueil. Cela pourrait aider et avoir un accès facile, sans avoir à rechercher dans les pages du forum.

Pour tes pinces, qu'elles soient de Bruxelles, de Knokke-le-Zoute ou de Plougastel-Daoulas, on parle en fait de brucelles. A l'origine, elles étaient destinées à l'horlogerie.

Perso, pour les cétoines qui ont tendance à planquer la tête sous le pronotum, je glisse une épingle inclinée sous la tête pour la faire "remonter" et mieux voir ses détails. Au passage, on peut aussi "arranger" les différents articles buccaux. On peut aussi mettre une épingle entre les mandibules (au préalable ouvertes) sur les carabes, longis, etc ...

Merci j'édite .

Olivier

pas mal, mais une remarque :
" Le ramolissement : Comme dit plus haut, si vos insectes ont été mis au congélo peu après leur capture (encore souple donc), il est possible de les étaler quelques minutes après leur sortie (pas tout de suite, sinon ça casse ). Vous pouvez donc passez directement à l’étalage."

mieux vaut attendre le lendemain car la rigidité cadavérique disparait +++

en ce qui concerne le four micro ondes j'ai de grosses réticences...comme tu l'as dis sur la conservation intacte des couleurs...

d'autres petites astuces manque...mais bon, excellente synthèse en tout cas

Ok merci .

Si vous avez d'autres astuces ou conseils qui ne sont pas dans mon message, faites comme Dom', écrivez- les .

Olivier

Je n'ai rien à dire que bravo Olivier

C'est sympa, Olivier, ton idée de tuto

Pour le ramollissement, après avoir essayé un peu tout, je n'utilise plus aujourd'hui que les bains dans du liquide de Pavesi (80% acétone du commerce, 20% eau déminéralisée).

On met un peu de Pavesi dans un bocal à couvercle (pot à moutarde, ou autre), on y met à tremper les insectes aussi longtemps qu'on veut sans risquer des les abîmer. Pour de petites bestioles bien sèches, qualques heures suffisent. Ensuite, on pose la bestiole sur un Kleenex pour enlever le liquide et on la prépare rapidement sur de l'émalène (le polystyrène - la frigolite de nos voisins d'outre-Quiévrain - n'aime pas du tout l'acétone).

Les bêtes passées au Pavesi sèchent ensuite très rapidement, quelques heures tout au plus, et sont débarrassées à la fois des mauvaises odeurs et des éventuels parasites et autres germes, car l'acétone est antiseptique. Le Pavesi est aussi un excellent liquide de conservation.

J'avais déjà essayé le Pavesi comme liquide conservateur mais pas comme ramollissant.
J'utilise le liquide de Barber :

Acétate d'éthyle (éther acétique) : 150 ml
Ether sulfurique (celui ces pharmacies) : 120 ml
Alcool à 90 ° ;: 330 ml
Compléter par de l'eau jusqu' à 1 litre.Plus compliqué à faire mais très efficace aussi. Les bêtes restent souples assez longtemps.
L'intérêt de ces liquides c'est de pouvoir oublier les bêtes quelques jours sans risquer pourrissement ou moisissures.

Certainement aussi bien, à peine plus compliqué que le Pavesi, mais malheureusement nettement plus cher, le Barber.

Pour le Pavesi, l'acétone du commerce coûte 3 ou 4 € le litre en hyper, et l'eau déminéralisée moins de 2 € le litre. Les esthètes préfèreront l'acétone pure de labo à 40 ou 50 € le litre, mais pour les bêtes courantes, c'est vraiment superflu.

Merci à vous pour les encouragements - et la recette du Pavesi que je vais m'empresser d'essayer.

Olivier

C'est vraiment très intéressent cette potion
Je vais tester aussi sa dégraisse la bête aussi

c'est bien les langues se délient...
pour le ramollissement : zorg et dom ont raison ++++
mes demi journée de disponible sont rarement prévisibles comme beaucoup de confrères entomologique non retraités, c'est pourquoi je laisse trempé mes bestioles 1 ou 2h en fonction de l'espèce, pendant ce temps je fais les étiquettes et un peu de rangement.
Au bout d'1 heure je commence à étaler...

mon mélange est dans une vieille casserole avec :
-eau tiède déminéralisée que je laisse sur une plaque chauffante éteinte ou à thermostat 1
- vinaigre blanc
- liquide vaisselle
- éventuellement un fond de solvant si j'ai : acétone...

je recycle mon liquide pour des utilisations ultérieures et il est jeté quand il vraiment trop "marron" ou odorant, àchaque ré utilisation faut rajouter les plus volatiles

voilà mon truc à +

COLEO 94 a écrit:

C'est vraiment très intéressent cette potion
Je vais tester aussi sa dégraisse la bête aussi

oui très sympa ces petites recettes, je vais également essayer car j'ai souvent des imprévus et ne peux donc pas toujours étaler mes bestioles, la solution est ici !

pour dégraisser après étalage j'utilise un pinceau à poil souple (je suis illustrateur et je recycle mes "martre rouge") que je trempe dans l'acétate et je le passe délicatement sur l'ensemble de la bête, je n'ai pas trouvé meilleur pour l'instant...

ça ne me revient pas cher car je paye l'acétate à 8€ le litre dans une des dernières drogueries de France encore habilitées à sa vente

COLEO 94 a écrit:

Je vais tester aussi sa dégraisse la bête aussi

Les solvants tels que l'acétone, l'acétate d'éthyle, l'alcool, l'éther sulfurique sont tous des dégraissants. Ils sont plus efficaces purs qu'en présence d'eau.

Un séjour prolongé (plusieurs semaines) dans le Pavesi dégraisse tout de même pas mal, mais je préfère dégraisser les bêtes sèches en les plongeant dans un solvant du commerce appelé "eau écarlate" (ça marche aussi avec un pinceau, mais moins en profondeur). Il y a aussi la recette classique du teepol (=liquide vaisselle industriel ni dilué ni parfumé) dilué dans l'eau qui fonctionne bien.